Mireille Latty est une peintre contemporaine qui puise son inspiration dans l’art rupestre et la fresque. Geneviève Roux nous propose une méditation priante à partir d’une de ses œuvres, intitulée « Au dernier jour ».
Je regarde le tableau
Le fond se décline du noir au blond/ocre avec des touches de blanc et de bleu et des variations de lumière. Impression de mystère, d’un dévoilement qui hésite et se reprend.
La moitié inférieure du tableau est peuplée de silhouettes humaines : femmes ou hommes, frères et sœurs. Ils sont au coude à coude. Même si nous ne distinguons pas leurs yeux, nous voyons leurs visages tournés intensément dans la même direction. Ils sont immobiles mais un mouvement les anime.
Ils sont neuf, semblables et différents.
Ceux de gauche sortent à peine de l’ombre teintés d’un bleu qui peu à peu s’éclaire et les auréole. Au centre, quatre personnages revêtus de blanc accaparent notre regard. Celui du centre est éclatant de lumière. A droite, deux autres se tiennent dans une lumière tendre comme le miel.
Ils se tiennent là, au seuil d’une révélation. « Il n’y aura plus de nuit, personne n’aura besoin de la lumière d’une lampe, ni de la lumière du soleil, car le Seigneur répandra sa lumière sur ses serviteurs » (Ap,22-5)
Dans la partie supérieure de l’image, notre œil est attiré par une fresque. Elle est là posée comme un contrepoint aux personnages de la partie inférieure.
C’est la procession des élus telle qu’elle a été sculptée en Arles au 12ème siècle sur la façade de la basilique Saint Trophime. Revêtus du même manteau, ils avancent, ayant posé leur main droite sur l’épaule de celui qui les précède. Ensemble, Ils marchent vers le Christ qui, au centre du tympan, bénit l’univers rassemblé autour de Lui.
Au hiératisme et à la solidité de ces personnages répond la fragilité et la sensibilité des élus d’aujourd’hui. Pourtant, c’est le même peuple « qui vient en chantant, immense fresque de joie, amour aux cent visages… » comme le chantent les moines de Tamié pour la Toussaint.
Je prie avec ce tableau
Je rends grâces car c’est avec nos ombres et nos lumières, avec nos doutes et nos joies que nous allons à la rencontre du Seigneur jusqu’au dernier jour.
Je rends grâces car c’est au coude à coude avec nos frères et sœurs, de toutes les générations passées et actuelle qu’au dernier jour nous serons baignés dans la lumière de Dieu.
Je rends grâces parce qu’au-delà de toute apparence nous donnons foi à la parole de Jésus « ceux qui croient en moi, au dernier jour, je les relèverai de la mort. »