Deux jours après la publication du Motu Proprio Spiritus Domini, Marie-Thérèse Desouche, théologienne et xavière, nous explique les enjeux de ce document.

Le pape François vient de publier un Motu Proprio, Spiritus Domini, ouvrant les ministères institués aux femmes. Quel est l’enjeu de ce document juridique, commenté par une lettre du pape François au préfet de la Congrégation de la Doctrine de la foi, le cardinal Luis Francisco Ladaria ?

La promulgation de ces documents a eu lieu le dimanche 10 janvier, en la fête du baptême du Seigneur. Ce choix du pape François est à noter car la fête concernée est celle du Christ recevant le Saint-Esprit en tant qu’homme, pour nous, c’est-à-dire pour toute l’humanité, consacrée en Lui par l’Esprit-Saint. Cette place de l’Esprit-Saint est déterminante pour comprendre l’acte du pape François.

Le pape Paul VI avait déjà ouvert un chemin par le Motu Proprio Ministeria Quaedam, du 17 août 1972, en reconnaissant que les ministères institués d’Acolytat et de Lectorat étaient fondés sur le sacerdoce royal des baptisés, sur les sacrements du baptême et de la confirmation. A l’époque, ces ministères n’avaient été ouverts qu’aux laïcs hommes.

Les Églises locales connaissent depuis longtemps des femmes et des hommes acteurs dans des secteurs pastoraux divers : service de la Parole de Dieu, service de l’autel, ministères divers au service des pauvres, de la mission de l’Église dans l’annonce de l’Évangile, dans les responsabilités de gouvernement. Durant le dernier synode des évêques pour la région pan-amazonienne, des voix se sont fait entendre pour ouvrir de nouveaux chemins. L’Esprit-Saint souffle dans son peuple et devance les reconnaissances.

La décision du pape François de donner un statut canonique aux pratiques pastorales déjà existantes dans les communautés ecclésiales, en ouvrant les ministères institués de l’Acolytat et de Lectorat aux femmes, en vertu de leur baptême et de leur confirmation, permet de reconnaître comme ministère durable ces services pastoraux, de les recevoir de la main de l’évêque dans un rite liturgique comme le don de l’Esprit-Saint à son Église, au service de sa mission dans l’annonce de l’Évangile. Cela ouvre à la construction d’une communion missionnaire, les femmes avec les hommes, dans une collaboration réciproque toujours en genèse au souffle de l’Esprit-Saint.

Chaque conférence épiscopale, en son lieu et dans son temps, aura la responsabilité de définir des critères adaptés pour l’admission des candidats et candidates, et de discerner les autres ministères à promouvoir, dont les évêques estimeront avoir besoin pour le service missionnaire de leur Église. Le Motu Proprio du pape François est donc une ouverture à l’élargissement de la ministérialité de l’Église en tant que peuple sacerdotal. Et c’est une très bonne nouvelle.