Dans le diocèse de Korhogo, dans le nord de la Côte d’Ivoire, Marie-Madeleine N’guessan, xavière, dirige l’équipe diocésaine de contact pour le synode. Dans cet entretien, elle fait le point des consultations dans son diocèse où le plus grand défi reste celui de la mobilisation.

Cet entretien,réalisé par Guy Aimé Eblotié, est paru dans La Croix Africa le 1er février dernier. Nous le publions avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Marie-Madeleine N'Guessan, xavière / Crédit : Guy Aimé Eblotié/ LCA
Comment avez-vous accueilli le choix porté sur vous pour conduire le synode dans le diocèse de Korhogo ?

 L’archevêque [de Korhogo, Mgr Ignace Bessi, NDLR] a demandé à la présidente de l’Union diocésaine des religieux et religieuses de Korhogo de lui trouver une personne pour assurer ce service. C’est elle qui s’est adressée à moi. Au départ, j’ai hésité en raison de mes charges actuelles au sein de ma communauté, mais j’ai finalement accepté, du fait que ce soit un service limité dans le temps et de son enjeu qui me paraissait important. Personnellement, j’ai ressenti un désir très fort de relever le défi.

Comment se déroulent les travaux du synode dans votre diocèse ?

La première chose que nous avons faite était de former une équipe. Cela n’a pas été facile en raison des disponibilités des uns et des autres. Dans cette équipe de 10 personnes, nous avons essayé d’avoir une représentation assez large d’hommes et de femmes, des religieux, des laïcs. L’équipe de contact est composée de deux prêtres, un diacre, deux religieuses et cinq laïcs avec des âges et engagements différents dont deux femmes et un représentant de la jeunesse.

Nous avons aussi commencé à sensibiliser et informer les agents pastoraux dans les quatre vicariats. Tout l’enjeu de la consultation est là : la mobilisation et la sensibilisation des fidèles. Pour l’instant, la communication que nous avons faite a consisté en la confection d’un livret d’informations et d’explications pour permettre aux gens de comprendre de quoi il s’agit. Nous avons aussi produit et continuons de produire des prêts-à-diffuser en langue française et sénoufo (principale langue parlée dans ce diocèse, NDLR) pour les radios locales afin d’informer le grand public que nous sommes en synode. Nous avons fait la sensibilisation au niveau des paroisses, maintenant nous allons commencer celle des communautés nouvelles et des aumôneries particulières.

À Korhogo, nous avons vraiment entrepris d’associer les autres Églises à cette consultation. Dans ce cadre nous avons, avec le responsable diocésain pour le dialogue œcuménique et interreligieux, rencontré le pasteur de l’Église baptiste. Nous sommes en train de rédiger une invitation qu’il va transmettre aux autres Églises. J’ai été très encouragée par l’accueil que le pasteur nous a fait.

Nous attendons la liste des comités de pilotage paroissiaux qui doivent se mettre en place. Jusqu’à ce jour (25 janvier, NDLR) ce n’est que la cathédrale qui a communiqué une liste de deux personnes. Je ne sais pas comment ça se passe ailleurs mais j’avoue que les choses se font lentement ici. Depuis décembre, nous ramons un peu mais nous essayons de surtout de faire comprendre les enjeux du synode.

Cette lenteur s’explique-t-elle par la difficulté de compréhension des enjeux du synode ou par le fait que c’est une religieuse qui conduit les travaux dans une culture présentée comme très patriarcale ?

Ce qui m’impressionne le plus, c’est que les premiers responsables de paroisses ne me donnent pas l’impression d’avoir compris les enjeux de ce synode qui est de vivre une expérience d’écoute et de dialogue à l’intérieur d’un groupe donné, et partir toujours des expériences que nous avons vécues. Et c’est ma grande inquiétude. Mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour les motiver suffisamment à mobiliser aussi les fidèles. Il faut beaucoup d’insistance et de persévérance pour que les gens commencent à sentir l’intérêt et les enjeux et décident de s’impliquer pour la réussite. C’est ce que j’ai constaté dans les ateliers que nous avons organisé pour expliquer la mise en œuvre de la consultation.

L’archevêque, pour sa part, est très engagé. À chaque fois qu’il y a des célébrations communes, il fait tout ce qu’il peut pour motiver en parlant du synode et du travail de réflexion qui nous est demandé par rapport à une Église où se vit la communion, la participation et la mission. Dans l’équipe diocésaine, nous avons aussi deux prêtres et un diacre qui sont très motivés. Je ne crois pas que le fait que je sois une religieuse soit un obstacle. Pour l’instant, je n’ai pas de raison de le penser. Il y a des difficultés, mais je ne suis pas sûre que si c’était un prêtre, ce serait plus facile.