En ce début de carême, contemplons ce tableau de Maurice Denis, intitulé La solitude du Christ.

Commentaires de Geneviève Roux, xavière

Maurice Denis - La solitude du Christ - 1918 - Peint à Perros Guirec
Je regarde l’image

Des couleurs : ocres, orangés, carmins occupent presque la moitié de l’image et viennent rimer avec quelques nuances de vert en bas du tableau et aussi avec le vert émeraude de la mer en haut. Des touches de mauve, des récifs violets que la vague qui arrive recouvre d’écume blanche. Deux rochers violine marquent l’entrée d’un vallon tapissé de feuillages d’automne et ouvert sur la mer.

Se fondant presque dans les ors de la végétation un homme est agenouillé sur un rocher gris rose. A sa tunique pourpre et son manteau bleu nuit, à ses mains ouvertes dont les paumes sont tournées vers le ciel, à sa courte barbe, nous reconnaissons Jésus.

Nous le voyons de haut, « en plongée » et cela provoque un sentiment de solitude et aussi d’écrasement. Qui l’entend ?

Pourtant, les couleurs chaudes et les courbes introduisent de la douceur.

La « solitude » de Jésus

Plusieurs fois les Évangiles nous disent que Jésus s’en va au désert ou se retire dans la solitude.

Il le fait avant de commencer sa mission et c’est le récit symbolique de toutes les tentations qu’il devra affronter. Nous lisons dans l’évangile de ce premier dimanche de carême : « En ce temps-là, après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. » Lc 4, 1-2.

Sa solitude est le lieu d’un combat. Cependant l’Évangile nous dit que c’est l’Esprit Ssint qui y conduit Jésus. Toute vie spirituelle est aussi un combat.

Jésus, entouré par les foules, contredit par les scribes et les chefs de son peuple, éprouve le désir de solitude et de prière : « Très tôt le matin, dans la nuit, s’étant levé, Jésus sortit et partit dans un lieu désert, et là il priait. » Mc 1, 35

Trois verbes d’action : s’étant levé, il sortit et il partit. Pour prier il faut toujours se lever, se mettre debout, et quitter un lieu mais aussi ses préoccupations du moment, se mettre à l’écart. Le plus difficile de la prière est peut-être ce saut intérieur à entreprendre. Mais la prière, lieu du combat, est aussi celui de la rencontre de Dieu. et de la consolation.

« Seigneur apprends nous à prier »

Écoutons ces conseils de Jésus transmis par Matthieu : « Toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. »

Et que dirais-je ? Quel sera le contenu de ma prière ? Celui du Notre Père que nous a donné Jésus : «Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier… ». Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel… »

En ce début de carême, je laisse résonner en moi ces conseils et ces demandes. Oui Seigneur, que je prenne le temps de me retirer à l’écoute de ton Esprit.
Malgré le fracas des armes, que vienne ton règne de justice et de paix, en nos cœurs et en nos mains.