Noëlie Djimadoumbaye, xavière, écrit actuellement une thèse sur la conversion écologique. L’équipe de Prie en Chemin lui a tendu le micro pendant la retraite de Carême « Terre Promise ».

Dans ce podcast, elle nous raconte son parcours de conversion écologique et nous entraîne sur le chemin d’une conversion qu’elle définit comme un processus qui touche l’être.

Retrouvez l’intégralité de la retraite Terre Promise sur le site de Prie en chemin.

 

Écouter le podcast

Crédits musique : Via maris, Dans le jardin, et Pavane, Carême – Voici le temps favorable : Monastère des dominicaines de Beaufort

Quelques extraits de l’interview

Un grand déplacement dans mon parcours de conversion écologique

En 2017-2018, la publication de Laudato Si et la tenue de la COP21 m’ont laissée dans un grand désespoir du fait de l’inertie générale que j’observais. Les attentes que nourrissaient pour moi ces deux événements étaient tombés un peu en désuétude. Une question m’habitait : pourquoi cette inertie générale alors que nous avons vraiment une grande conscience de la crise écologique ?

Et c’est ainsi qu’un jour, en priant avec le récit de Saint Ignace sur l’Incarnation, mon regard va être changé, va se déplacer. Saint Ignace nous emmène à regarder la Trinité qui regarde toute la surface de la terre avec tout ce qu’elle contient : les hommes dans leur grande diversité, ceux qui vont bien, ceux qui ne vont pas bien, les guerres, ceux qui sont en paix, ceux qui sont malades, ceux qui meurent. Mais surtout, Ignace nous fait voir le monde qui va à sa perte dans un grand aveuglement. Et alors, la Trinité décide de faire la rédemption de la Terre en choisissant que le Fils s’incarne. Mais pour que cette incarnation puisse se faire, il va falloir recourir à la disponibilité de quelqu’un, de Marie, qui va dire oui. Et du coup, pour moi, quand j’ai commencé moi aussi à regarder notre terre comme la Trinité la regarde, je vois toute cette désolation. Tout ce que les scientifiques et « Laudato Si » racontent au premier chapitre. Mais je me suis aussi surprise à regarder et à voir des gens qui, comme Marie, sont disponibles et qui disent oui au projet de rédemption de la Trinité, des personnes qui disent oui au Royaume qui vient. Et je me suis mise à rendre grâce pour ces personnes. Et plus je rendais grâce pour ces personnes et plus j’en voyais d’autres. Et il y a, finalement, comme une multitude de personnes qui disent oui, qui se mettent en marche. Et alors je suis passée progressivement, jour après jour, mois après mois, de la colère, la révolte, la tristesse à l’émerveillement et à l’action de grâce.

Et ma question de départ, qui était de savoir pourquoi cette inertie, s’est transformée. Pour mon mémoire de master, pour la thèse, je me suis plutôt orientée vers les personnes qui s’engagent, qui se mettent en conversion écologie, avec un focus sur ce changement de regard, regarder vers la vie qui vient, regarder vers ce projet de rédemption et dire oui à mon tour, et à encourager les autres à dire oui à ce projet.

Sur la conversion écologique

Dans ma thèse, j’ai réfléchi à la question de la conversion. La conversion, c’est plus que faire des choses, c’est une manière d’être et d’être en relation. Dans les récits des personnes que j’ai interrogées, il y a plusieurs manières d’exprimer la conversion. Et le plus souvent, quand je demande aux gens de me raconter leur itinéraire de conversion, certaines personnes me disent qu’elles n’ont pas connu de conversions parce qu’elles ont en tête un modèle type de conversion, qui est celle de passer de quelque chose à une autre complètement différente en un laps de temps. Alors que quand des personnes commencent à me raconter leur itinéraire, on voit que c’est plutôt un processus, quelque chose qui se fait petit à petit.

Et cela peut prendre plusieurs formes : la conversion, ça touche vraiment à l’être. C’est une transformation dans la manière d’être de la personne. Mais cette transformation peut venir aussi des choses à faire. En commençant à trier ses déchets, en commençant à planter quelques fleurs…, il y a quelque chose d’une expérience spirituelle au sens large, d’une quête de sens qui s’ouvre et qui permet de se poser des questions sur sa manière d’être en relation avec soi-même, avec les autres, avec les choses, avec Dieu et ainsi de suite.

Se mettre en route

Se mettre en route demande d’être à l’écoute de ce qui nous attire, du désir qui nous habite, de là où on veut aller. Parfois, ce sont plutôt les autres qui nous appellent, donc il faut aussi avoir une attention à ce que me disent les autres.

En fait, c’est très difficile de commencer à se mettre en route écologiquement parce que l’enjeu est vraiment très grand, et on peut se sentir complètement démuni. On peut se poser la question de savoir « Quelle est la bonne porte vers laquelle il faut commencer, quelle est l’action qui va être la plus efficace ? »
Se mettre en route demande beaucoup d’humilité et nécessite de commencer par de petites choses.    
Et pour faire un clin d’œil à l’Évangile, je dirai que « la petite chose », c’est de commencer par entrer par la porte étroite. Comment par une petite chose, qui est significatif pour nous, qui nous parle, quelque chose qui nous donne de l’élan.

Et il faut commencer par cette petite chose, car la conversion est un processus.

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