Conférence inaugurale du chapitre 2023

Ce 11 juillet 2023, à la veille de l’ouverture du Chapitre Général de La Xavière 2023, Nathalie Becquart, xavière, sous-secrétaire du secrétariat général du synode, et Giacomo Costa, jésuite, secrétaire spécial du synode 2021-2024, ont donné une conférence sur le thème : « Regards sur la société et l’Église aujourd’hui : enjeux et appels pour la vie religieuse ».

Les intervenants ont introduit la conférence avec la notion d’environnement VUCA – volatile, incertain (uncertainty), complexe, ambigu – et nous ont aidé à mieux percevoir notre monde en mutation. Il s’agit de se mettre à l’écoute des continents, du monde entre hyper-connexion et fragmentation, pour ‘marcher ensemble’ avec nos différences.

Divers défis pour la société et l’Église ont été mis en valeur

* Le monde est multipolaire, tout comme l’Église qui porte l’enjeu de la déseuropéanisation et de la prise en compte des églises locales.
* Les migrations internationales et les déplacements à l’intérieur d’un pays ne cessent d’augmenter, et cela dans tous les sens. Aujourd’hui 84% des réfugiés sont accueillis dans des pays du Sud. Cette présence de personnes de plus en plus diverses appelle un dialogue et une manière d’être ensemble : c’est un défi et une opportunité pour le dialogue des cultures..
* La crise environnementale est une question de vie ou de mort. Les premiers à en subir les effets sont ceux qui produisent le moins de CO2. Mais aucune région ne peut traiter le problème seule. Il importe d’articuler conversion écologique et conversion synodale.
* L’ampleur de la crise des abus est révélatrice de l’ampleur des violences sexuelles systémiques dans le monde.
* Le rapport homme-femme devient un cri pour une participation plus forte des femmes, pour un monde meilleur pour chacun, avec plus d’équité.
* La culture digitale porte l’enjeu d’intégrer un nouveau mode de vie hybride. Il s’agit d’articuler le « onlife » qui articule le présentiel et ce qui se vit en ligne.
* Le langage d’aujourd’hui ne rejoint plus forcement les personnes et nécessite un changement.

Concernant plus spécifiquement l’Église

* Il y a un enjeu à ce que la formation initiale et continue intègre la synodalité afin de soutenir une culture synodale
* L’Église est appelée à l’unité, et cela appelle un nouveau ‘printemps’ œcuménique
* ‘Pas sans les autres’, il faut marcher avec d’autres dans la réciprocité
* La vie religieuse a un rôle clé à jouer dans la synodalité. Nous avons beaucoup à donner et à partager de ce que nous vivons, mais nous n’avons pas fini notre conversion synodale !
* L’expérience spirituelle de synodalité, axée sur la réconciliation, doit être promue.

Au niveau de l’Église, le Concile Vatican II et ses questions ouvertes ne sont pas encore assez transcrites dans la réalité des croyants. La synodalité vient relancer ce processus de manière dynamique. Il ne suffit pas d’écrire, il faut faire ensemble des expériences, en associant local et global, au-delà du ‘ad intra’ et du ‘ad extra’. La conversion dans l’Esprit est une voie pour débloquer, ouvrir des horizons.

Durant cette conférence nous avons été conduits vers une vision dynamique de l’Église en pèlerinage sur cette terre, une vision dynamique de notre identité chrétienne. Le cheminement synodal est un cheminement spirituel : il est un profond chemin de conversion personnelle et communautaire. Il est un chemin de kénose, où la dynamique de la réconciliation est centrale.