En cette semaine sainte, mettons-nous en route pour suivre le Christ en sa Pâque.

Les textes sont de Colette Hamza, xavière

bréviaire de Martin d'Aragon

Dimanche des Rameaux

Tu as besoin Seigneur
De toute la création
Des hommes et des bêtes
Petit ânon devenu Christophore
Tu as besoin Seigneur
De toute la création
Des femmes et des rameaux
Étendards de ta gloire
Et ces manteaux jetés
Vies offertes à tes pieds

Tu as besoin de tout cela
Pour aller ton chemin
Résolument
Sachant où il conduit
Et que nos chants de fête
Seront demain des cris de haine

Tu as besoin de cette humanité
De ces visages en joie
Capables du meilleur
Pour porter demain
Le pire de l’humain
À Celui qui saura en faire
Malgré tout, malgré nous
Un chemin de vie

Tu as besoin Seigneur
De moi, de nous
De toute la multitude
Pour aller jusqu’au bout
Demain
D’une nouvelle Création

Jeudi Saint

Un soir au cours d’un repas, voilà ce qu’Il disait….

Ce bout de Pain c’est moi,
C’est tout moi.
C’est ma vie,
Bénie, rompue, offerte, partagée.
Ce pain,
C’est tout moi.
C’est ma vie, plus que ma mort,
C’est ma vie de bout en bout jusqu’à aujourd’hui.

Du minuscule grain jeté, enfoui en terre
Qui s’ouvre et meurt pour s’élever
A l’épi lancé vers le ciel et noyé de soleil,
Coupé, lié, broyé….
De la farine douce et légère aux mains du vent
Pétrie, travaillée au levain de l’amour,
Passée au feu
Au pain chaud des matins encore obscurs.

Ce bout de pain,
C’est moi, tout moi,
Libre et livré
Pour l’empoigner
Comme on saisit à pleines mains la vie,
Pour la semer autour de soi,
Plus loin que soi.
Pour la manger, la dévorer
Et qu’elle devienne chair de votre chair,
Sang de vos veines,
Corps de vos corps,
Désormais, eux aussi, partagés.

Ce bout de pain
C’est moi,
C’est tout moi,
En vos corps,
Assimilé, dilué, dilaté.
Vos corps, soudain
Agrandis, élargis,
Alourdis d’humanité.
Vos corps, saisis et dispersés,
Présence réelle pour le monde.

La Cène (Gemäldegalerie, Berlin) - photo : J.P. Dalbera
chapelle des xavières à Abobo ( Abidjan, CI)

Vendredi saint

Au ventre de la terre une croix est plantée
Signe de mort dressé, signe de vie donnée

Ses deux bras élevés relient la terre au ciel
Deux bras écartelés embrassent l’univers
Rien désormais sur terre ne sera plus pareil

Tout le poids de misère des hommes de ce temps
Christ les prend dans ses bras pour les porter au Père
Et l’homme n’est plus seul sous le fardeau pesant

Ô Dieu de toute vie pourquoi m’abandonner ?
Un dernier cri de foi pourtant monte en prière
Entre tes mains de Père je remets mon esprit

Comme un cri de douleur comme un cri de colère
Parole crucifiée qui ouvre le passage
Une alliance nouvelle prend racine en la terre

Pâques

Christ est ressuscité
Un passage est ouvert
La vie franchit la mer
Christ est ressuscité
C’est l’Alliance éternelle
C’est la Pâque nouvelle

Au jardin ce matin, la nouvelle a fleuri
Une femme effrayée a vu un jardinier
« Pourquoi parmi les morts venir chercher la vie ?
C’est sur d’autre chemin qu’il vous précédés »

Au jardin ce matin a fleuri la nouvelle
Une femme étonnée voit la pierre roulée
Et dans ses souvenirs des paroles s’emmêlent
« En trois jours de la mort, je me relèverai »

Au jardin ce matin la nouvelle a fleuri
Les disciples à leur tour regardèrent et crurent
Tout ce que jusque-là ils n’avaient pas compris
Aujourd’hui sous leurs yeux, s’accomplit l’Écriture

dessin de Marie et de Laëtitia, xavières