En cette fête de la Trinité, Geneviève Roux nous propose de prier avec l’icône de la Trinité de Roublev.
« Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : ‘Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.’ » Matthieu 26
Je regarde l’image
Trois grands personnages occupent l’espace de l’icône. Ils sont assis autour d’une table sur laquelle est posée une coupe. Derrière eux, une maison, un arbre et une montagne se détachent sur un ciel d’or. Chacun tient dans sa main un long bâton fin. Deux d’entre eux penchent la tête, le troisième tient droite la sienne. Leurs visages se ressemblent. Chacun porte une auréole et une paire d’ailes dorées qui les désignent comme des anges. Leurs vêtements allient le bleu roi, le rose, le vert et la pourpre. Il n’y a pas de perspective sinon inversée car les obliques de l’estrade sur laquelle ils sont assis sont tournées vers nous comme pour nous dire que ce qui est représenté là nous concerne.
En fait Roublev, un moine russe peintre d’icônes au 15ème siècle, représente ici la visite de trois voyageurs à Abraham près des chênes de Mambré dans la chaleur du jour (Gn 18, 1-14). Ils lui annoncent qu’il aura un fils et il comprend que ces trois hommes sont des anges, messagers de Dieu. Ou même qu’il s’agit du Seigneur et de deux anges. Très vite le texte a été interprété par les pères de l’Église comme une visite de la Trinité : Dieu Père, Fils et Esprit. Et c’est cela que nous donne à voir Andrei Roublev.
L’ange du centre est sous le chêne de Mambré, mais c’est l’arbre de vie. Cet ange représente le Père dont tout procède. Il est vêtu d’une robe pourpre et d’un manteau bleu symboles de sa royauté sur l’univers. Son visage, tourné vers sa droite s’incline du même mouvement que les branches de l’arbre. Il regarde l’ange qui est à sa droite.
Lui est assis sous la tente de Mambré , devenue une maison d’or. Il est le Fils, venu en notre monde. Il écoute. Les courbes de son corps sont en forme d’accueil. De sa main droite il reproduit le geste de bénédiction du Père. Et il regarde l’ange de droite.
Celui-ci est assis sous la montagne, l’Horeb, la montagne prophétique où souffle l’Esprit. Il est l’Esprit et il regarde la table autour de laquelle tous les trois sont assis, et sur la table, la coupe.
La table est dessinée comme un calice par les lignes intérieures des corps du Fils et de l’Esprit. Elle figure le monde, notre monde au centre de la communion de Dieu.
Dans la coupe est peint l’agneau du sacrifice. Symbole du Christ et de sa vie donnée.
Les trois personnages s’inscrivent dans un cercle. Dans ce cercle un mouvement incessant s’instaure : visage du Père tourné vers le Fils qui à son tour regarde l’Esprit qui, lui, s’incline vers la coupe en la désignant au Fils. Et celui-ci acquiesce. : « Voici que je viens Seigneur, pour faire ta volonté » (Ps 39). Et dans ces regards nous contemplons l’échange d’amour qui est au cœur de la Trinité et dans lequel nous sommes saisis.
Je prie avec un chant
« Nul n’a jamais vu Dieu, nul ne sait qu’il est Père Mais Jésus nous l’a révélé Et l’homme apprend qu’il est aimé
Nul ne connaît le Fils, nul n’en sait le mystère, Mais les pauvres seront comblés Et l’homme apprend qu’il est aimé
Nul ne connaît son cœur, nul n’en sait la misère, Mais l’Esprit vient pour l’habiter et l’homme apprend qu’il est aimé.
Nul ne saurait unir Les enfants de la terre Mais l’amour veut tout rassembler Et l’homme apprend qu’il est aimé »
Et je rends grâce.
(Nul n’a jamais vu Dieu – auteur : CFC – compositeur : Mannick)