« Réjouissez-vous ! Mon fils était mort et il est revenu à la vie » (Lc 15). Contemplons cette représentation du fils prodigue par Rembrandt.

Commentaires de Geneviève Roux, xavière

Rembrandt, - Le fils prodigue - Plume et pinceaux - vers 1630 - Teylers Museum – Haarlem - Public domain, via Wikimedia Commons

Comme il était encore loin, le père aperçut son fils et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. ”Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.”

Je regarde l’image

Mon regard est attiré par les deux personnages du centre du tableau. Ils m’apparaissent comme soudés ensemble : le père et le fils dont parle la parabole.

Nous sommes en légère plongée au-dessus d’eux. Ce qui nous donne de bien voir leurs gestes.

Le père, à la large barbe, coiffé d’une toque, se penche sur le fils agenouillé et tient solidement la tête de celui-ci entre ses mains. Sa gauche appuie fermement sur son crâne comme s’il voulait qu’il se redresse et le regarde. Mais le jeune homme garde les yeux fermés, il agrippe la main droite du vieil homme tel un naufragé celle de son sauveur et il appuie sa tête contre son ventre.

Il y a de l’urgence et de l’intensité dans cette composition. La silhouette du fils est esquissée à traits hâtifs et vigoureux. Dans sa précipitation, le père a laissé tomber sa canne. Vouté, incliné, sourcils froncés, toute son attention se porte vers celui qui revient.

Dans le tiers gauche de l’image, un autre personnage apparait. Appuyé de son bras droit sur un muret de pierre, penché vers l’avant, il balance son pied hors appui. Il regarde avec attention et sans bienveillance les retrouvailles des deux hommes. C’est le frère ainé de la parabole. Il est en retrait, boudeur.

Je prie

Je m’imagine à la place du fils prodigue, aux pieds du Père, tenant sa main, enfin parvenu dans la sécurité du port. “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. » Je ressens la pression les mains du père sur la tête de son fils pour qu’il lève vers lui son regard. Et j’entends la jubilation du Père : « Mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Je prie avec le psaume 29 : « Quand j’ai crié vers toi, Seigneur, mon Dieu, tu m’as guéri : Seigneur tu m’as fait remonter de l’abîme et revivre quand je descendais dans la fosse. »

Je suis maintenant à la place le fils ainé. Je me tiens en retrait, je regarde et je rumine ma jalousie. Ce cadet qui a dilapidé son héritage est reçu comme un roi et moi, je trime et mon père ne me donne rien, je ne compte pas pour lui. Comment pourrais-je me réjouir ? Je laisse venir à ma conscience les jalousies qui m’habitent et m’empêchent de rendre grâces pour tout ce qui m’est donné et d’accueillir chacun comme un frère. Je prie l’Esprit-Saint pour qu’il ouvre mon cœur à l’amour infini du Père pour chacune et chacun.

Je parle à Dieu « comme un ami parle à son ami », comme un enfant à son père. Notre Père.