Suite à la rencontre des Associés à La Xavière à Toulouse, Ghislaine a éprouvé le besoin d’en savoir un peu plus (euphémisme !) sur Claire Monestès en lisant l’imposante thèse de doctorat de Marie-Françoise Boutemy, xavière. Fascinée par la personne de Claire, Ghislaine a demandé à Marie-Françoise de nous concocter un petit pèlerinage sur les lieux de l’enfance de la fondatrice de La Xavière, à savoir Chambéry et ses environs.

Le rendez-vous est fixé devant la cathédrale dite « métropole » où Claire a communié pour la première fois. Bénédicte, Bernadette, Chantal et Mireille sont arrivées de Paris la veille en voiture, et Josette en train de La Rochelle. Marc et Sophie arrivent des Hautes-Alpes et sont passés prendre Marie qui habite Grenoble. Ghislaine et Françoise qui avaient tout organisé étaient malheureusement restées coincées à La Rochelle pour des raisons de santé. Notre guide, Marie-Françoise, spécialiste de la vie de Claire, venait quant à elle, de Dunkerque.
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Une « pause-café » nous permet de construire notre programme de la journée et de découvrir les repères historiques et géographiques de la vie de Claire à Chambéry.

Et nous voilà partis…  Nous déambulons dans les rues de Chambéry.

La banque Veuve de la Chavanne, où travaillait le père de Claire, d’abord en qualité de comptable puis comme fondé de pouvoir, se situait au 21 rue de Boigne. Cette rue, large coup d’épée donné dans la vieille ville insalubre en 1830, relie le Château des Ducs de Savoie à la fontaine des Eléphants dite « Les quatre sans cul ». C’est au premier étage de cet immeuble (couleur saumon aujourd’hui) que Claire naquit le 26 novembre 1880 à 14h, dans cette rue chic où les dames aiment y flâner sous les portiques à l’italienne tandis que les messieurs s’attablent à la terrasse d’un des 365 cafés de la ville.


Un peu plus loin, nous passons devant une statue appelée « La Sasson », édifiée en 1892 pour commémorer le centenaire de la Révolution. Cette statue représente une vigoureuse savoyarde de bronze due au sculpteur Falguière. Elle tient son drapeau et lève le poing face aux montagnes et au monde. Claire est passé plus d’une fois à côté de cette statue pendant son adolescence.

imgchamb13Nous passons ensuite devant l’école de Claire, tenue par les Sœurs de Saint-Joseph, qu’elle rejoindra à ses douze ans pour préparer sa première communion. Elle avait été jusque-là élevée, comme ses frères et sœurs, par une préceptrice chargée d’initier les enfants aux rudiments de français et de calcul. Cercle restreint, rudiments solides. C’est donc la première communion, faite le 26 mai 1892 en la fête de l’Ascension, qui offre l’occasion de rencontres plus larges et d’une sorte de socialisation :

imgchamb16Nous poussons ensuite jusqu’à l’hôpital actuel, édifié sur l’emplacement du Collège des Dames du Sacré-Cœur. Les religieuses étaient spécialisées selon les milieux sociaux. Les Sœurs de St-Vincent -de-Paul s’occupaient des pauvres, les Sœurs de St-Joseph avaient en primaire les filles de classe moyenne. Les Dames du Sacré-Cœur éduquaient, quant à elles, le « gratin » de la ville. Fille de banquier, Claire sera ou bien épouse modèle ou bien religieuse et de préférence au Sacré-Cœur. Claire rejoignait son collège en passant par un petit jardin botanique que nous traversons à sa suite. Nous prenons ensuite le temps de nous restaurer.

imgchamb21Nous reprenons notre périple en visitant la cathédrale « métropole », ancienne église gothique des franciscains où Claire communia pour la première fois : « Le jour de ma première Communion, dans une grande angoisse, je demandai au Bon Dieu de n’être pas religieuse, avec la certitude d’en venir là un jour : la Croix m’épouvantait. » Ses portes en bois sculpté s’ouvrent sur une vaste nef. Le regard se perd dans les motifs, voûtes et balcons, en trompe-l’œil. Une exposition de panneaux présentant l’histoire du Saint Suaire nous rappelle que ce dernier a été conservé très longtemps à Chambéry dans la Sainte chapelle du château des Ducs de Savoie. Cette chapelle, joyau gothique construit pour abriter cette relique – offerte une fois l’an à la vénération des fidèles sur le pré du Vernay – n’avait que de peu échappé à l’incendie qui fit fondre la châsse et roussir sa relique en 1532. Réparé à gros points par les sœurs de Sainte-Claire, le Saint Suaire a été emporté à Turin pour le pieux agrément de l’Archevêque de Milan, Charles Borromée, et n’en est pas revenu.

Ondoyée à sa naissance, la petite Claire fut baptisée le mercredi 1er décembre 1880 à l’église Notre-Dame. Derrière les fonts baptismaux, une porte en bois sculpté garde mémoire du passage de saint François de Sales. Les fonds baptismaux que nous voyons datent de 1883 : ils ont été changés 3 ans après le baptême de Claire. Nous admirons aussi un tableau représentant saint François-Xavier mourant aux portes de la Chine et qui avait impressionné Claire.


Nous nous dirigeons ensuite vers la rue Nézin, au numéro 25, où se trouve la maison droite et austère, de deux étages, s’ouvrant sur la rue par une porte cochère, dans laquelle la famille Monestès va s’installer en 1887. Austérité côté rue, gaieté côté jardin : une tonnelle, des fleurs, des feuilles, de l’ombre, et du soleil, des oiseaux : ce jardin est bien un paradis, celui des jeux et des dimanches en famille. Malheureusement nous ne pouvons accéder à l’intérieur et nous nous contentons de l’imaginer suivant la description que nous en donne Marie-Françoise.


Certaines montent à pied jusque sur le Lémenc, appelé aussi « la montagne sainte ». Ce lieu stratégique protégé des eaux est aussi celui des plus anciennes racines. A la fin du XIXe siècle, on y trouve notamment le Carmel. Nous voulions visiter la chapelle du Carmel où Claire aimait prier, mais tout était fermé, les Carmélites étant, d’après les informations de Marie-Françoise, sur le départ. Une chance inouïe fit que la mère Supérieure, restée seule après le départ de ses sœurs pour des maisons de retraite ou d’autres Carmels en France, s’apprêtait effectivement à fermer la maison définitivement et réglait les derniers papiers. Elle nous reçut avec une simplicité toute chaleureuse et nous fit visiter la chapelle. Sa voix douce et son sourire lumineux nous marqueront longtemps alors même qu’elle nous expliquait la disparition de sa communauté.

imgchamb35Nous avons fini notre visite de Chambéry par la messe dominicale anticipée, vécue à l’église Notre-Dame, lieu du baptême de Claire. Le père Curé, reconnu et abordé avec enthousiasme par Marie-Françoise, se souvenait bien d’elle ainsi que de Claire et des xavières. Il nous a invités à revenir pour parler de notre vie d’Associés à La Xavière et susciter des vocations auprès des chambériens !

Retour au gite, situé à Ecole dans le massif des Bauges, où nous levons notre verre pour Ghislaine et Françoise, les organisatrices avec Marie-Françoise de ce beau périple.
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Dimanche matin fut l’occasion d’une randonnée à la croix du Nivolet, cette croix fut dressée là pour être visible par les condamnés à mort au moment où on les exécutait en ville.

imgchamb55Nous avons terminé notre périple en nous promenant dans les alentours de Chambéry, près de lieux connus par Claire (propriétés de familles amies, fréquentées par les Monestès) ainsi qu’une chapelle située sur le chemin menant à Notre-Dame de Myans. Ce lieu de pèlerinage est l’inoubliable témoin de la protection divine. On raconte qu’en 1248, lorsque l’éboulement du Mont Granier détruisit de nombreux villages en faisant 5 000 morts, la petite église resta seule debout. La Vierge noire aurait protégé l’église pour sauver deux moines qui y étaient en prière. En 1905, les savoyards couronneront richement la Vierge d’or. Cette immense vierge dorée veille toujours au seuil de la Combe de Savoie. Parmi les nombreux ex-voto, il en est un demandé par Claire Monestès, à l’occasion de l’approbation de la Pieuse Union par Monseigneur Verdier le 20 juin 1936. N’ayant pas la date précise en tête, nous n’avons pas pu l’identifier formellement.

Un grand merci à Marie-Françoise de nous avoir accompagnés et guidés sur les pas de la jeunesse de Claire, avec autant de compétences, d’humour et d’enthousiasme !

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Impressions au fil du « pèlerinage » :

« J’ai souvent pensé pendant ce voyage à ce que Claire disait à l’une de ses compagnes en rentrant d’un temps d’adoration rue Tournefort :  » La Xavière vivra aussi longtemps que ma silhouette se profilera derrière elle… »  Je ne sais pas pourquoi ces mots m’ont marquée quand je les ai lus ou entendus il y a sûrement plusieurs dizaines d’années.  Mais ce qui est certain c’est que cette silhouette s’est imposée à moi au fil du temps, en douceur, comme une présence intérieure. Je l’ai sentie très fort dans notre quête commune à Chambéry. En 1907, Claire écrivait : Mon Dieu, pour toutes les âmes que vous mettrez sur mon chemin, faites que je ne cherche pas à m’attirer leur tendresse. Que je leur serve comme une virgule de halte passagère pour leur permettre de reprendre haleine et les amener plus vite au point final qui est Vous Seul, ô mon Dieu. Je trouve très beau symboliquement qu’essayer de suivre ses pas qui n’ont guère laissé de trace dans Chambéry nous ait conduits finalement à faire ce chemin un peu rude qui monte jusqu’à la croix du Nivolet. Claire a bien joué avec nous son rôle de virgule ! ». Chantal

« Temps merveilleux et très belle ville. Nous avons cheminé paisiblement dans les pas de Claire tout en prenant conscience du décalage entre le « premier parti » de la ville de Chambéry, quand elle avait 18 ans, et cette formidable adaptation au réel, à laquelle elle nous invite ardemment, et qu’elle a dû vivre par la force des choses… Un contexte si « daté » et une femme finalement très en avance sur son temps spirituellement… ». Sophie

« J’ai été heureuse de ce pèlerinage avec vous sur les pas de Claire. Heureuse de faire quelque chose de différent des autres rencontres avec les Associés ce qui m’a permis de vous connaître autrement. Cela m’a permis de mieux connaître Claire en suivant ses pas et en visitant ses lieux de vie, comme lorsqu’on est allé à La Rochelle et à Toulouse pour voir les associés dans leur environnement. Cela change tout, on passe des idées à la vie concrète des gens et cela m’aide à penser à eux ». Mireille

« Cette visite de Chambéry et ses environs m’a permis de visualiser Claire, jeune fille évoluant dans la bonne société de cette ville riche, belle, historique et m’a fait revivre le drame qu’a représenté la ruine de son père, banquier. La honte, la fuite en Irlande puis le retour auprès de ses parents à Marseille, la pauvreté.
Je garde 3 souvenirs forts :
– la montée à La Croix du Nivolet, magnifique balade
– la visite au Carmel et l’échange avec la Mère supérieure
– la Vierge noire tenant dans ses bras un enfant Jésus noir, dans la chapelle de l’église de Notre Dame de Myans ». Josette

« Ce week-end m’a relancée dans mon désir de mieux connaître Claire Monestès. J’ai repris tous mes documents et  j’en ai  trouvé plusieurs où elle est évoquée ou citée. Je la situe beaucoup mieux maintenant et je me demande si beaucoup de xavières ont fait le déplacement ! Nous n’aurons jamais fini de creuser le charisme de Mère Claire et je m’en réjouis car je me sens de plus en plus proche d’elle, comme d’une vieille amie ! ». Bernadette

« Le week-end passé à Chambéry « sur les pas de Claire » avec Marie-Françoise Boutemy et des Associés à La Xavière m’a permis de mieux connaître la vie de Claire à Chambéry. Découvrir cette région et cette ville où elle a vécu, la maison où elle est née, son école, sa paroisse… tout cela me l’a rendue plus présente.  Pour moi, 3 moments m’ont plus particulièrement marquée :
– sa paroisse où nous avons pu assister à la messe anticipée le samedi en fin d’après-midi. J’ai pu me recueillir devant le tabernacle avant la messe, comme elle a pu le faire elle-même, ce fut un moment de communion avec Claire et le Christ ;
– la montée à la Croix du Nivolet, où elle-même a dû se rendre aussi à pied, jusqu’à cette croix visible depuis Chambéry et ses environs. J’ai fait cette montée avec elle, sachant que je la faisais sans doute de manière plus confortable, mieux chaussée…
– Notre Dame de Myans, lieu de pèlerinage. Très belle église avec une superbe vierge noire et son enfant. Grâce à Claire nous avons pu découvrir ce sanctuaire ». Bénédicte

« Moi aussi j’ai beaucoup apprécié la journée sur les traces de Claire. Ce fut pour moi l’occasion de rencontrer Marie-Françoise Boutemy  que je ne connaissais que par son livre « Prier 15 jours avec Claire Monestès. »  Ce fut surtout l’occasion de passer une journée complète avec quelques membres du groupe des Associés. Le parcours à pied sur les lieux historiques où Claire a vécu, circulé et travaillé a permis des échanges riches entre nous. Le temps était de la partie et le repas du samedi fut simple et festif à la fois. Chambéry est une ville historique avec des monuments prestigieux que je connaissais peu. La messe du soir du samedi a permis la rencontre avec le curé qui s’étonne qu’il n’y ait aucun membre associé de Chambéry…à suivre. J’ai apprécié aussi la soirée dans le chalet des amis de Ghislaine, perché sur le magnifique plateau des Bauges. Pour moi, hélas il m’a fallu rentrer dès le soir du 10 pour tenir d’autres engagements à Grenoble. Merci encore à tous et un énorme merci à Ghislaine qui avait tout organisé et qui nous a bien manqué ! ». Marie