Lors de sa dernière rencontre, la famille ignatienne de Yaoundé a réfléchi au thème suivant : « Comment nous sentons-nous concernés par la question des abus : abus sexuels, abus de pouvoir, abus faits aux femmes ? ».

Véronique, xavière et psychologue, a présenté un Power Point sur les abus sexuels dans l’Eglise.

Après avoir exposé la gravité des abus sexuels, elle a parlé de l’évolution de la prise en compte de ce problème dans l’Eglise. Elle a ensuite fait une analyse dans le contexte de l’Eglise en Afrique où sévit un certain déni. Le non dévoilement des problèmes effectifs vient-il d’un principe culturel, d’une sacralisation des prêtres, d’une minimisation par ignorance ou par mauvaise foi ? Pourtant, les abus sur mineurs, les viols de religieuses, les abus à l’intérieur des congrégations existent. Dans la société, à l’intérieur même des familles, ce phénomène est bien présent également.

Avant de proposer des actions possibles, il était important d’exposer les recommandations que le pape François a faites dans les deux textes qui ont fait suite au sommet de février 2019 : son discours final et le motu proprio « Vos estis lux mundi »(« vous êtes la lumière du monde »)

Prévenir, écouter, soigner, prier et accompagner ont été les mots d’ordre face à ce problème. Quelques exemples concrets venant de sa pratique d’accompagnement psychologique ont permis aux participants de comprendre l’importance de se sentir concernés et de chercher à aider les victimes innocentes.

Enfin, Véronique a clos son intervention en présentant une action réalisée à Yaoundé : la création d’un centre de thérapie et de protection des mineurs. Ce centre a une mission préventive, notamment en proposant un programme de formation sur la maturité affective destiné aux religieux, religieuses et prêtres, ainsi qu’une mission curative envers les mineurs, les personnes vulnérables victimes d’abus sexuels mais aussi des personnes qui abusent.

Les deux autres intervenantes, une religieuse et une laïque, ont parlé respectivement des abus de pouvoir et des abus liés à la conception de la femme dans l’Eglise. Ces exposés émaillés d’exemples concrets ont rendu les participants attentifs à ce thème d’actualité. Ils se sont ensuite réunis en carrefour pour partager sur ce qui les avait touchés et pour formuler des questions.

Pour continuer la réflexion personnelle, chacun est reparti avec les questions suivantes :

Dans quel(s) domaine(s) ou dans quelle situation je risque d’abuser de mon autorité, de mon pouvoir ?
M’arrive-t-il d’avoir des relations trop captatives avec mes proches (avec qui) ?
Suis-je attentif(ve) aux personnes vulnérables, susceptibles d’être victimes d’abus sexuels ?
Quand j’ai des soupçons : est-ce que je prends des moyens pour vérifier ou est-ce que je fuis ?
Suis-je prêt(e) à écouter, compatir, à entendre l’inentendable ou à orienter, accompagner une personne victime d’abus sexuels ?

Et vous : vous sentez-vous concernés ?…

La famille ignatienne de Yaoundé regroupe des religieuses de spiritualité ignatienne, des laïcs de la Communauté Vie Chrétienne et du groupe ignatien de Yaoundé, des jeunes du MEJ (Mouvement Eucharistique des Jeunes) et des jésuites.