Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyée à Marie… Contemplons cette fresque de l’Annonciation réalisée par Fra Angelico vers 1440.
commentaires de Geneviève Roux, xavière
« Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.
L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »
Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? »
L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra : sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu. »
Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Alors l’ange la quitta. » (Lc 1, 26-38)
Je regarde la fresque
Nous sommes dans un petit cloître, ou une loggia, très sobre. A gauche, trois arcades ouvrent sur un jardin clos d’une palissade de bois. Derrière celle-ci, des arbres dont un cyprès. Des fleurs émaillent la pelouse. Devant nous, deux arcades en plein cintre soutenues par trois piliers partagent l’espace. Au fond, une porte ouvre sur une petite pièce carrelée qu’éclaire une fenêtre grillagée.
Dans cet espace, deux personnages se font face. Ils sont au même niveau et tous deux, d’un même mouvement, ont les mains croisées sur leur cœur. Le temps s’est arrêté. L’ange qui vient d’entrer n’a pas encore replié ses ailes aux couleurs d’arc-en-ciel. Genou à terre, il s’incline et pose sur Marie le regard intense d’un immense respect.
Celle-ci ne le regarde pas, son visage est d’une infinie gravité, comme si le message entendu résonnait en elle, jusqu’à prendre chair.
Silence. Leurs bouches sont closes. Comme le dit le psaume 18 : « Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s’entende ; mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle, aux limites du monde. » Oui, cette annonce secrète a retenti jusqu’à nous.
Je médite
Je lis dans le texte au verset 35 : « L’Esprit Saint viendra sur toi.» Comme au second verset du livre de la Genèse l’Esprit de Dieu plane sur Marie pour une création nouvelle. Non pas une création qui annulerait la première mais qui vient la parfaire.
Le texte poursuit : « Et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre » Symbole de la nuée au chapitre 34 du livre de l’Exode : « La nuée couvrit la tente de la Rencontre, et la gloire du Seigneur remplit la Demeure. »
Marie devient la nouvelle Arche d’alliance où Dieu réside. Et Marie, nourrie de la Torah depuis son enfance accueille en son silence le message de l’ange avec une gravité qui va laisser la joie éclore.
« Ce silence de la Vierge n’est pas un silence de bégaiement et d’impuissance, c’est un silence de lumière et de ravissement. » écrit Pierre de Bérulle.
Je prie
« Marie conservait tout cela et elle le méditait dans son cœur. » (Luc 2,51).
Seigneur je ne te demande qu’une chose : la grâce d’un cœur qui écoute. Et qui rend grâce en accueillant la joie.