A Noël, St Ignace nous invite à contempler ce mystère de la Nativité avec humilité et respect, comme un petit pauvre.

En cette année particulière marquée par la pandémie, Christine Danel, supérieure générale de La Xavière, revient sur cette bonne nouvelle paradoxale : reconnaître nos pauvretés nous dispose à accueillir la joie.

A Noël, seuls les pauvres, les bergers, Marie et Joseph et les Mages qui se mettent en route, ont accès au mystère qui se révèle. « La grâce de la pauvreté est de nous unir à notre Seigneur » disait Claire Monestès, fondatrice de La Xavière. En contemplant ce mystère de Noël « comme un petit pauvre », à l’invitation d’Ignace, nous découvrons petit à petit que nous aussi nous sommes pauvres.

Cela ne paraît pas à première vue être une bonne nouvelle. Reconnaître notre pauvreté, l’accepter vraiment, y consentir, voire l’aimer, cela nous est difficile. Le plus souvent, ne cherchons-nous pas à nous faire valoir par nous-mêmes et à briller de mille façons ? Ne sommes-tous pas habités d’un besoin de reconnaissance qui entraîne frustration voire colère ?

Et pourtant… Notre pauvreté intérieure, nos souffrances physiques ou morales, nos limites psychologiques, familiales, nos pauvretés diverses, nos nuits de toutes sortes, notre péché même sont ces crèches peu reluisantes où le Seigneur veut nous rejoindre et habiter.

« Nul n’est trop loin pour Dieu ! » dit une hymne…

Reconnaissons ces pauvretés et offrons-les.  Vivre l’humble acceptation de nous-mêmes, et les épreuves que nous pouvons traverser, les combats, voilà la mangeoire, l’hospitalité à offrir au Christ naissant, le chemin de l’offrande qu’Il attend de nous pour habiter la Terre, aujourd’hui encore.

Une façon d’apprendre à vivre cette pauvreté est d’apprendre à vivre le silence et l’intériorité.

« Marie gardait toutes ces choses en son cœur » (Luc, 2, 13).

Notre monde est saturé d’information, de bruit, de paroles… Arrivons-nous encore à nous déconnecter pour laisser grandir en nous l’espace intérieur ? Comment entendre La Parole qui nous est adressée par Dieu en Son Fils ? Comment la laisser se frayer son chemin en nous, dans notre vie et l’accueillir vraiment ?

Notre cœur, nos pensées sont habitées par ce par quoi nous les nourrissons, l’écho de nos journées, de nos rencontres, de notre travail, de nos lectures, de ce que nous regardons et écoutons. Gardons notre cœur vigilant et attentif : apprenons à reconnaitre les mouvements des esprits en nous, et gardons ce qui vient de l’Esprit. Accueillons la joie et la paix !

C’est bien à un discernement que nous sommes conviés. Si Marie gardait ces choses en son cœur, c’est pour en chercher le sens. Nous aussi, nous avons besoin de creuser profond en nous, en Dieu pour chercher et trouver le sens de ce que nous vivons, des événements troublés de notre monde. Nous vivons une époque complexe où les repères volent en éclat, les inégalités ne font qu’augmenter, le pouvoir financier semble incontrôlable, la planète est en danger, et la liste pourrait s’allonger…

Or, Marie a gardé ces événements dans son cœur et elle vivait dans la foi. Elle avait confiance que l’annonce qui lui avait été faite, la promesse entendue pour l’humanité, se réaliserait, même si elle était sûrement bien étonnée de la façon dont cela se réalisait en elle et par elle…

Creusons en nous la vigilance, cette intelligence née de la foi en Dieu qui se révèle au cœur de nos cœurs, au cœur des plus fragiles et des plus déshérités de notre monde. Demandons la grâce du discernement pour comprendre la manière d’agir de Dieu et l’appel qu’il nous fait afin que nous puissions à notre tour nous inscrire dans cette manière de faire d’un Dieu qui s’offre à nous, se fait proche, prends soin et console…