Youna Rivallain, journaliste à La Vie, a interviewé plusieurs consacré.e.s à l’occasion de la fête de Saint Pierre et Saint Paul. Parmi eux, Pascale, xavière en communauté à Créteil, professeure des écoles. Voici son interview.

Extrait reproduit avec l’autorisation de l’auteur. Article disponible en intégralité sous ce lien.

J’ai commencé très tôt à travailler comme institutrice, à 20 ans. J’y ai découvert la joie d’apprendre à donner, ça m’a ouvert le cœur. Mais, par une retraite spirituelle, Dieu a pris l’initiative de me montrer que si je lui donnais toute ma vie, ce serait lui le plus heureux de nous deux, comme un amoureux ! J’ai compris qu’Il m’appelait en méditant la parole de Jésus à Philippe dans l’Évangile de Jean : « Il y a si longtemps que je suis avec toi, et tu ne me connais pas. » Ce n’était pas un reproche, mais une invitation amoureuse. Cette parole était pour moi.

J’ai reconnu encore davantage cet appel lorsque le prêtre qui m’accompagnait dans cette retraite m’a dit : « Toutes vos joies sont d’Église. Est-ce que ça ne vaudrait pas le coup de réfléchir à la vie consacrée ? » Au fur et à mesure, j’ai compris que Dieu interpelle toujours au bon moment, quand on peut l’entendre, qu’on est réceptif. Quand on reçoit cet appel, c’est comme si on ouvrait une porte. J’étais dans le brouillard, je ne savais pas quelle décision prendre. Ça m’a donné envie d’aller plus loin. Au fur et à mesure de mon discernement pour confirmer si cet appel venait bien de Dieu, cela s’est confirmé dans le quotidien de ma vie.

Je me souviens de mes vœux définitifs comme le sentiment de faire un grand plongeon dans le vide, dans l’inconnu. C’est un peu comme signer un chèque en blanc. On donne tout. Je sais que la croix du Christ m’a tenue à ce moment-là comme dans tous les moments difficiles, les combats dans la vie communautaire. La joie du Christ traverse mes petites morts quotidiennes.

Les enfants que j’accompagne en tant qu’institutrice sont un signe de la fidélité de l’amour de Dieu pour moi. Ces paroles d’enfants m’appellent tous les jours à grandir dans ma vocation… et de l’autre côté, la vie communautaire nous équilibre autant qu’elle nous érode, elle authentifie notre consécration. C’est d’ailleurs aussi pour ça que j’ai choisi d’être xavière. Je voulais vivre ma foi en plein monde, faire l’expérience de la vie chrétienne de manière sérieuse, authentique, profonde.

J’aime cette phrase de notre fondatrice, Claire Monestès : « On ne demandera pas ce qu’elles font mais ce qu’elles sont. » Comme Madeleine Delbrêl, j’ai décidé d’être « chrétienne dans la masse », de vivre une vie ordinaire au milieu des gens, non pour me dissoudre dans la masse mais pour trouver Dieu là où il est, en chacun.