La visite du Pape au Canada, du 24 au 29 juillet 2022, a marqué un tournant dans l’histoire de la relation de l’Église aux peuples autochtones. Une histoire qu’explicite pour nous Lucie Gravel, une amie québécoise de La Xavière.
Devant le cimetière Maskwacis, Edmonton. RT World News
Le Pape recoit une coiffe amérindienne portée par les grands chefs qui ont gagné le droit et l'honneur grâce à la reconnaissance formelle de leur peuple.

Des excuses qui marquent un début et un immense progrès pour la réconciliation

Telle que présentée par la Commission de vérité et réconciliation du Canada en 2015, « la “réconciliation” consiste à établir et à maintenir une relation de respect réciproque entre les peuples autochtones et non autochtones dans ce pays. Pour y arriver, il faut prendre conscience du passé, reconnaître les torts qui ont été causés, expier les causes et agir pour changer les comportements.

Exercice à vivre pour mieux comprendre ce qu’ont vécu les autochtones du Canada

Imaginez votre propre famille et celles de votre entourage dans votre village natal. Prenez le temps. Un jour un autobus arrive et « kidnappe » sous votre regard atterré, tous les enfants du village et vous ne les reverrez plus durant plusieurs années et même, jamais. En plus, s’ils sont morts, vous ne saurez pas où ils sont enterrés. Vous vous retrouvez entre adultes, impuissants, sous le choc, vous tombez en dépression, vos hommes se mettent à boire. Quand les enfants devenus plus vieux reviennent à la maison, traumatisés par les abus sexuels, psychologiques commis par des religieux-ses, dans les écoles où on les a enfermés, ils ne savent pas comment s’occuper des enfants qu’ils auront, n’ayant pas connu de vie familiale. Ils ne parlent plus votre langue ou à peine. Et leurs enfants boiront, se drogueront, se suicideront en grand nombre. C’est le traumatisme intergénérationnel et cela dure depuis 100 ans ! Que ressentez-vous?

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Reconnaître notre histoire blessée

En tant que « blanche », canadienne, je découvre et je comprends un peu mieux, depuis quelques années seulement, l’histoire des Premiers peuples au Canada. Une animatrice innue de Radio-Canada disait que même les communautés autochtones à travers le pays découvrent encore leur propre histoire, les lois qui ont régi leur vie depuis les débuts de la colonisation vers 1493 ! Il est difficile de parler en peu de mots de la réalité des peuples qui étaient ici bien avant les Anglais et les Français.

Le recensement du Canada compte 1 673 85 autochtones au Canada dont 182 890 au Québec. 64 nations dont 11 au Québec. Des peuples très divers.  Face à la visite du pape, les opinions divergeaient. Des autochtones sont encore catholiques par choix, mais beaucoup ont complètement décroché et ne reconnaissent pas l’autorité de l’Église, surtout après ce qu’ils ont vécu d’oppression et d’abus. Les uns ont été touchés, consolés, d’autres indifférents. J’ai remarqué à quel point les plus jeunes ont un grand respect pour les aînés qui n’ont pas la même foi qu’eux, et qui sont des survivants des pensionnats.

Rassemblement à Edmonton

Le commencement d’une bien triste histoire: en 1493, la doctrine de la découverte

Lors de la visite papale, beaucoup s’attendaient à ce que François condamne la « doctrine de la découverte ». Il n’en a pas parlé. La doctrine de la découverte est un assemblage de principes à portée religieuse et juridique selon lequel les puissances européennes espagnoles et portugaises auraient justifié à partir du XVe siècle l’occupation, le pillage et l’expansion coloniale des terres colonisées dont la population n’étaient pas chrétiennes. En Amérique du Nord, les grands principes de cette doctrine seront repris par les Français et les Anglais. L’Association des Premières nations rappelle que la véritable réconciliation passe par l’abolition pure et simple de cette doctrine puisque celle-ci a influencé les décisions des tribunaux au Canada et la façon dont les titres ancestraux sont définis. Il semble que dans l’avion du retour, François aurait offert le brouillon d’une répudiation de cette doctrine. Ça bouge, enfin!

Que s’est-il passé avec les autochtones entre 1870 et 1993 ?

Le Canada, en partenariat principalement avec les organisations ecclésiastiques, a élaboré un système scolaire résidentiel. Plus de 150 000 élèves des Premiers peuples (Métis, Inuits, Premières nations) y ont été envoyés de force (Cf. la carte des pensionnats). De plus, en 1876 a été adoptée la Loi sur les Indiens dont l’objectif principal était de forcer les peuples des Premières Nations à abandonner leur culture et à adopter un style de vie euro-canadien. Il serait trop long ici d’en parler plus longuement (Cf. cette vidéo de 3 minutes). Le gouvernement, dans la plupart des cas en collaboration avec les principaux organismes religieux du pays, visait à « civiliser » et à christianiser les peuples autochtones. Le sous-ministre des Affaires indiennes avait prédit en 1920 que, grâce au travail mené dans les pensionnats, les peuples autochtones en tant que groupe culturel identifiable cesseraient d’exister au Canada dans un siècle!
Encore une énorme souffrance et de grands besoins

Des séquelles de cette triste histoire de colonisation sont encore à gérer dans plusieurs communautés autochtones : disparition de l’identité culturelle, perte de la langue, des violences diverses, des problèmes de toxicomanie et d’alcoolisme, le fait de devoir faire face aux préjugés tenaces, des problèmes de santé mentale, d’itinérance, un faible taux de scolarisation, l’accès difficile au logement et à l’assistance sanitaire, la pauvreté, un taux de suicide très élevé chez les jeunes particulièrement (le plus élevé du monde chez les inuits) et beaucoup d’autochtones incarcérés.

La Commission vérité et réconciliation : les langues se sont déliées

Le gouvernement Canadien a appuyé les travaux de la Commission Vérité et Réconciliation aux quatre coins du pays pour entendre plus de 6 500 témoignages de survivant-es. Ils ont également tenu 7 événements nationaux dans différentes régions afin de mobiliser la population canadienne, sensibiliser le public à propos de l’histoire et des séquelles des pensionnats indiens (ou écoles résidentielles). En 2015, un rapport-choc de la Commission a été déposé incluant 94 appels à l’action pour  réparer  l’offense dévastatrice faite aux premiers  peuples. L’appel 54 demandait au pape de « présenter, au nom de l’Église catholique romaine, des excuses aux survivants, à leurs familles ainsi qu’aux collectivités concernées pour les mauvais traitements sur les plans spirituel, culturel, émotionnel, physique et sexuel que les enfants ont subis dans les pensionnats dirigés par l’Église catholique ». La Commission a également reconnu en 2015 qu’il s’agissait d’un génocide culturel envers les Premiers peuples.

Printemps 2022 – Une délégation de survivants des pensionnats et de chefs autochtones à Rome

Cette rencontre inédite a préparé le terrain pour la visite de François au Canada. Ici à Québec il s’est rappelé ceci : « Je me souviens du témoignage d’une personne âgée qui décrivait la beauté du climat qui régnait dans les familles autochtones avant l’avènement du système des écoles résidentielles. Mais tout à coup – disait-il – le chant s’est arrêté : les familles ont été désagrégées, les enfants emportés, loin de leur milieu ; l’hiver est descendu sur tout. »

« La phrase qui nous accompagne depuis que les délégués autochtones m’ont rendu visite à Rome est « Cheminer ensemble ». Je suis venu au Canada en tant qu’ami pour vous rencontrer, voir, écouter, apprendre et apprécier comment vivent les peuples autochtones de ce pays. Je suis venu en tant que frère, pour découvrir de moi-même les bons et mauvais fruits produits par les membres de la famille catholique locale au fil des ans. Je suis venu comme pèlerin, pour faire de nouveaux pas en avant avec vous et pour vous : pour poursuivre la recherche de la vérité, pour progresser dans la promotion des parcours de guérison et de réconciliation, pour aller de l’avant en semant l’espérance pour les futures générations d’autochtones et de non-autochtones, qui souhaitent vivre ensemble fraternellement, en harmonie. Ce sont les réalités autochtones de cette terre, qui ont visité mon âme : elles sont entrées en moi et m’accompagneront toujours. » (Québec, 29 juillet 22)

Avec une femme à Iqaluit. Journal de Québec

Simplicité des autochtones et ostentation cléricale

François a commencé sa visite dans la province d’Alberta qui abrite le 2e plus grand nombre d’autochtones vivant dans les centres urbains au Canada. Dès son arrivée, il s’est recueilli au cimetière autochtone de Maskwacis. Ce fut très poignant de voir un pape déambuler en fauteuil roulant avec quelques grands chefs et l’évêque d’Edmonton, au son d’un tambour suivi d’un grand silence, loin du faste de Rome. Et sur la scène, ensuite, seul avec les chefs, un seul évêque. Cette sobriété était parlante et on réalisait bien que le pape ne venait pas en touriste, mais pour un « pèlerinage pénitentiel ». Il semble que les autochtones de l’ouest du Canada ont été davantage partie prenante dans l’organisation qu’au Québec. C’est lors des premières excuses à Edmonton qu’un grand chef a remis au pape, au nom des chefs du Canada, la coiffe traditionnelle, le reconnaissant ainsi comme un des leurs.

À Québec, plusieurs comme moi ont été dérangés par le côté « pompeux » de la messe à Sainte-Anne de Beaupré : les évêques et cardinaux pavanaient à l’avant, une chorale bien belle, mais pas autochtone, sauf 2 moments qu’on a bien voulu accorder à des Innus pour un chant. Et lors d’une rencontre intime avec des délégués autochtones de l’Est, il y avait 22 autochtones et 20 évêques! On a écarté les accompagnateurs des survivants! Nous avons constaté encore un cléricalisme, un colonialisme encore bien incrustés. Espérons que l’Église a bien entendu les mots de François à Québec : « Que la communauté chrétienne ne se laisse plus jamais contaminer par l’idée qu’il existe une supériorité d’une culture par rapport à une autre. Pour vaincre cette culture de l’exclusion, il faut commencer par nous : les pasteurs, qu’ils ne se sentent pas supérieurs à leurs frères et soeurs du Peuple de Dieu. »

Un temps privilégié de rencontres et d’écoute, bien médiatisé

Des analystes ont dit que nous avions le bon pape au bon moment pour vivre cette rencontre avec les Premiers peuples. François a une grande sensibilité pour les marginalisés du monde. Et il connaît bien les Amériques. Il sait écouter avec son cœur. Son visage rayonnait quand il rencontrait les personnes, contrairement aux moments protocolaires. Une survivante a dit : « on veut être vus de lui, on veut voir s’il est sincère ». Sa capacité de présence a été un baume dans le cœur de plusieurs personnes survivantes et leurs familles. Aussi, cette visite a permis des rencontres sûrement fructueuses entre les gens durant les préparations et les rassemblements.

La télévision de Radio-Canada a couvert au complet les 9 rencontres avec le pape. Avant et après chaque émission, il y a eu des tables rondes avec des invités différents : représentants autochtones, chefs et simples citoyens. Beaucoup d’émotions exprimées : joie, colère, espérances, déceptions, divergences. Nous n’avons jamais entendu autant d’autochtones s’exprimer devant les médias. « On est capables de parler par nous et pour nous » disait un autochtone à un journaliste. Nous avons entendu des spécialistes qui travaillent avec et pour les autochtones. J’ai entendu des autochtones dire : « même les médias internationaux savent maintenant ce que nous avons vécu et souffert ». Cela nous invite à l’humilité !

Les mots consolants de François, entendus ensemble, autochtones et allochtones

« Je suis ici, sur une terre qui porte les cicatrices de blessures encore ouvertes. Je demande pardon pour la manière dont de nombreux membres de l’Église et des communautés religieuses ont coopéré à ces projets de destruction culturelle et d’assimilation forcée des gouvernements de l’époque. Se souvenir des expériences dévastatrices nous indigne, mais cela est nécessaire. Lorsque les colons européens sont arrivés pour la première fois, il y avait cette grande opportunité de développer une rencontre fructueuse entre les cultures, les traditions et la spiritualité. Mais dans une large mesure, cela ne s’est pas produit…
Nous tous, comme Église, nous avons besoin d’être guéris de la tentation de choisir la défense de l’institution plutôt que la recherche de la vérité.
Qu’est-ce que moi je fais pour eux les peuples autochtones ? Est-ce que j’écoute avec un peu de curiosité mondaine et me scandalise pour ce qui s’est produit dans le passé, ou est-ce que je fais quelque chose de concret pour eux ? Est-ce que je rencontre, je lis, je me documente et je me laisse toucher par leurs histoires ? »

« Les peuples autochtones ont beaucoup à nous apprendre sur la garde et la protection de la famille. Comme il est précieux ce sentiment de familiarité et de communauté qui est si authentique chez vous ! Il faut savoir regarder, comme l’enseigne la sagesse autochtone, les sept générations futures. Il est nécessaire de faire face à la mentalité individualiste, là aussi, la culture autochtone est d’un grand soutien pour rappeler l’importance des valeurs de la socialisation. Les peuples autochtones possèdent une grande valeur qui est celle de l’harmonie avec la Création. Bien vivre, c’est chérir l’harmonie, et cela est pour moi la grande valeur des peuples originels. Nous sommes habitués à tout ramener à la tête. Or, la personnalité des peuples originels, en général, sait s’exprimer par trois langages: celui de la tête, celui du cœur et celui des mains ; ils savent comment utiliser ce langage avec la Création. L’une des choses que notre civilisation surdéveloppée et commerciale a perdu, c’est la capacité de la poésie: les peuples autochtones ont cette capacité poétique. »

« Face au scandale du mal de nos frères autochtones, nous sommes plongés dans l’amertume et nous ressentons le poids de l’échec. Comment cela a-t-il pu se produire? Nous devons être attentifs à la tentation de fuir, rebrousser chemin, nous échapper du lieu où les faits se sont produits, tenter de les enlever, pour les oublier. C’est une tentation de l’ennemi, qui menace notre cheminement spirituel et la marche de l’Église. »

Les mots de François qui sont encore attendus

Dès le 24 juillet, le pape a présenté des excuses, mentionnant les abus physiques commis. Ce n’est que le 28 juillet qu’il a précisé abus « sexuels ». Ce détail est très important pour ceux qui les ont vécus. Un abus sexuel est ce qu’il y a de plus humiliant et dévastateur pour une personne. Pourquoi François a-t-il attendu ? Pourquoi, alors que les « victimes » ont attendu ces paroles toute leur vie ? Une souffrance infligée, inutile, durant ces 4 premiers jours. Des autochtones ont pleuré de soulagement quand le pape a enfin précisé le mot sexuel.

Il y a encore beaucoup d’insatisfaction du fait que le pape n’a pas demandé pardon au nom de l’Institution comme ce fut le cas en Irlande. Pourtant l’Église était au courant de ce « système » des pensionnats qui a duré 100 ans. Ils ont été complices et ils ont béni l’idée d’imposer leur foi à des autochtones qui pourtant avaient déjà une spiritualité très riche. François réserve toujours des surprises : dans l’avion du retour, il a prononcé pour la première fois le mot génocide. Il a dit que tout au long de son voyage, il a « décrit le génocide, et qu’il a présenté des excuses, demandé pardon pour cette histoire qui est un génocide. »

Après les excuses, des actes attendus de la part de l’Église et des gouvernements

Des actes concrets sont attendus dont le plein versement des compensations fixées dans un accord légal en 2006 pour des projets de guérison et de revitalisation culturelle. Il y a encore des tombes non identifiées disséminées près des pensionnats partout dans le pays. Les autochtones demandent depuis longtemps la restitution des archives du Vatican et des communautés religieuses. Il y a aussi la question de la restitution des artéfacts autochtones des collections muséales du Vatican. Ajoutons la délicate question de la restitution des terres qui ont été enlevées aux nations autochtones. Conrad Sioui, ancien grand chef de Wendake a dit: « on ne veut pas reprendre toutes nos terres, mais on aimerait être consultés quand un projet touche nos terres. On aimerait travailler en partenariat avec les gouvernements et les municipalités. »

Le pape a dit clairement le 27 juillet à Québec : « Le Saint-Siège et les communautés catholiques locales nourrissent la volonté concrète de promouvoir les cultures autochtones, avec des chemins spirituels appropriés et adaptés, qui comprennent également l’attention aux traditions culturelles, aux coutumes, aux langues et aux processus éducatifs propres, dans l’esprit de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples autochtones. »

Signes d’espoir et belles avancées

La prise de parole des autochtones est de plus en plus forte. On entend davantage dans les médias des penseurs, artistes, militants des premiers peuples. Des projets sont mis en place pour aider les jeunes à exprimer leur culture. On voit un intérêt plus marqué pour apprendre la langue des ancêtres.
JF Roussel, théologien, exprime ceci dans son bilan de cette visite : « Pour « avancer », mot cher aux évêques, il va falloir que l’Église, et l’épiscopat en particulier, sortent de cette insupportable monoculture cléricale, patriarcale, encore imprégnée de colonialisme. Au terme d’un voyage pénitentiel, il est approprié de le dire. »
Il a été dit à plusieurs reprises durant ce voyage de François, que sa démarche marque le début d’un long cheminement vers la réconciliation. Nous y sommes tous et toutes, invités.

L’Église d’ici a été lente à faire le pas d’inviter François au Canada. Je laisse la dernière parole à la Gouverneure générale du Canada, Mary Simon d’origine inuite, la première autochtone à ce poste et qui a parlé de cette visite du pape comme d’un « moment historique, permis par le courage, la détermination et la résilience des autochtones en cherchant à obtenir des excuses significatives. Il appartient à chaque survivant et à leur famille de décider ce qu’ils ressentent et ce dont ils ont besoin pour aller de l’avant. »

Nous sommes toutes et tous interpellés et concernés par cette démarche de réconciliation qui va mettre du temps. Cela concerne tous les canadiens, croyants, non-croyants, allochtones et autochtones. Nous avons davantage à nous impliquer vers une connaissance mutuelle. Ce n’est pas gagné car les préjugés et l’indifférence sont tenaces. Certains disent : vont-ils (les autochtones) arrêter de se plaindre. Cette visite du pape a mis les projecteurs sur la réalité des premiers peuples et on doit reconnaître que des attitudes racistes face aux autochtones passe de moins en moins bien dans le public. La plus grande visibilité d’autochtones qui prennent la parole publiquement dans différents domaines donne beaucoup d’espoir pour l’avenir.

Lucie Gravel

Fin d'une marche de 275 kmde 13 marcheurs de différentes nations. De Mashteuiatsh à Québec EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE