Vivre dans le temps de l’Avent, c’est entrer dans une attitude de veille continuelle, une attention de chaque instant pour habiter le présent car le Seigneur vient comme le maître de la parabole (Marc 13, 33-37).

Méditation de Danièle Michel, xavière en communauté à la Rochelle.

« Il vient le soir, à minuit, au champ du coq ou le matin » nous dit Jésus (Mc 13,35)

Selon la pratique de l’armée romaine, il y a 4 veilles dans la nuit où le veilleur prend la garde et Jésus s’en inspire.
– Le Maître vient le soir : à la plénitude des temps, au soir du monde, il prend chair de la Vierge Marie ;
– Il vient à minuit : au milieu de la nuit de Noël, un cri se fait entendre, un Sauveur nous est né ;
– Il vient au chant du coq : entre deux soldats et son regard touche le cœur de Pierre qui pleure son reniement car il se souvient de la parole du maître ;
– Il vient au matin : vainqueur dans l’aube de Pâques, à jamais vivant, il nous précède sur nos routes humaines.

Le maître peut arriver à l’improviste et nous trouver endormis (cf. v. 36). Il le dit à tous : « Veillez »

Veiller revient 4 fois dans ce passage. Le Seigneur nous invite dans ce temps de l’attente à prendre ce poste de veilleur. Cette image du veilleur est à contempler. Elle nous parle toujours car, même si depuis très longtemps des gardes ne se tiennent plus aux remparts de nos villes comme au temps de Jésus, beaucoup sont postés dans les lieux stratégiques, particulièrement exposés.
Le veilleur veille quand tout le monde se repose, c’est souvent un être de la nuit, de l’obscurité. Il veille parce que le calme de la nuit peut-être trompeur. Il doit déchiffrer les signes, percevoir le moindre bruit.
Il est dans le silence, seul, disponible pour pouvoir accueillir à l’instant ce qui pourrait surgir et qu’il ne connaît pas.
Pour être ainsi, il est bon que la fine pointe de son attention soit toujours en éveil, délivrée de toutes préoccupations.
Dans la nuit, le veilleur attend comme une « sentinelle, espérant qu’un jour il saura pourquoi ».

Souvenez-vous de cet homme qui interroge le prophète Isaïe « Veilleur où en est la nuit ? »
Pour tenir dans cette longue veille, il lui faut par delà le risque et la peur, être patient, persévérant, dans la confiance et dans la prière.

A chacun et chacune d’entre nous, Jésus demande avec insistance, bien peu de choses : juste un amour qui attend, qui espère.

Or reconnaissons qu’attendre patiemment est une exigence que nous ne savons pas toujours honorer. Notre rapport au temps est biaisé ; pour beaucoup, être obligé d’attendre est insupportable. D’ailleurs, tout semble fait de nos jours pour nous éviter l’attente et approcher de l’impossible « tout et tout de suite » : cartes de crédit, distributeurs automatiques, sms, infos en continu. Mais ce n’est pas la manière de Dieu. Dieu a choisi de nous faire attendre pour nous accoutumer à la découverte de ce qui est caché, pour ranimer notre attention bien souvent évanouie quand il s’agit de saisir le sens de sa présence dans notre vie et le monde que nous habitons.

Comment répondre à cette attente de Dieu ?

– D’abord en étant fidèlement au poste qui est nôtre aujourd’hui comme ses serviteurs, œuvrant selon nos capacités qui sont autant de dons reçus de Dieu. Saint Paul nous dit : « En lui vous avez reçu toutes les richesses. Aucun don spirituel ne vous manque ».
– Ensuite en reconnaissant que chacun, par sa place unique, collabore à la recherche des signes de Celui qui vient dans les tribulations et les espoirs de ce monde et de nos vies.
– Enfin en nous risquant avec foi, jour après jour dans le présent, lieu de l’avènement de l’Inouï et de l’Inattendu de Dieu

Ce temps de l’avent est là aussi pour nous rappeler l’attente de toute l’humanité depuis plus de quatre mille ans comme on le chantait autrefois.

Que de guetteurs de par ce monde, dont personne ne parle dans les médias et qui sont sûrement dans leur quête et par leurs actes annonciateurs de Dieu qui se fait l’un de nous !

Cette route de l’Avent que nous poursuivons, dans la nuit ou dans la lumière n’a pas de fin pour nous.
Noël n’est pas l’arrivée au terme de la marche.
Noël est une porte car Noël est Naissance, source de Vie, Parole qui se fait chair.

Soyons donc aux aguets, à l’affût du Dieu qui se donne sans cesse et, dans la nuit de ce monde, Noël sera une lumière de joie et de paix.