Tout au long de l’Avent, Geneviève Roux nous propose une œuvre d’art en appui de notre méditation. En ce quatrième dimanche, veille de Noël, contemplons la Nativité !

« Gloire à Dieu ! Paix aux hommes ! Joie du ciel sur la terre ! »

Duccio di Buoninsegna, daté 1308-1311 -Nativité parmi les prophètes Isaïe et Ezéchiel - National Gallery of Art de Washington

Cette œuvre peinte faite de trois panneaux joints est un triptyque . Sur chacun des deux panneaux latéraux se tient un grand personnage. Ils se détachent sur un fond d’or craquelé par le temps. Ils sont tous deux pieds nus, vêtus d’une tunique et d’un manteau drapé sur leurs épaules. Ils regardent tous deux dans la même direction. Chacun porte dans une main un rouleau calligraphié et de l’autre, levée, ils interpellent des auditeurs invisibles. L’homme à la barbe blanche est le prophète Isaïe. Le plus jeune est le prophète Ézéchiel.
Ils nous interpellent : « Regardez, ce que nous avons annoncé s’accomplit aujourd’hui ! »

Le panneau central fourmille de personnages.

L’enfant

Notre regard est attiré au centre de la peinture vers un nouveau-né enveloppé dans un lange blanc rosé. Sa tête est entourée d’une auréole d’or. C’est celui qu’annonçait Isaïe : « Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel – c’est-à-dire : Dieu-avec-nous. » ( Is 7,14) Il est de la descendance du roi David : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. » (Is 11,1 ) Il est ici au cœur du tableau, et aussi au cœur de notre monde.

Un âne et un bœuf se tiennent près de lui.

C’est à nouveau à Isaïe que nous devons leur présence : « Le bœuf connaît son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître. Israël ne le connaît pas, mon peuple ne comprend pas » (Is, 1, 3) Dans ce nouveau-né fragile reconnaissons nous la tendresse de Dieu ? Accueillons-nous le mystère de cet enfant ?

Au-dessus de l’étable le ciel s’est ouvert en un demi-cercle bleu nuit. C’est l’écho du cri d’Isaïe : « Oh ! si tu ouvrais les cieux, si tu descendais… » (Is 64. 1) Par cette ouverture une étoile est venue se poser sur le toit et éclairer l’enfant.

Et voici Marie enveloppée dans un grand manteau bleu, couleur divine.

Elle aussi est auréolée, étendue sur un lit de pourpre, couleur royale. Elle regarde au loin, est-ce vers Ézéchiel, lui qui a prophétisé : « Je susciterai à leur tête un seul berger ; lui les fera paître…Il sera leur seul berger. » (Ez 34,23) ? Ou bien, du même regard, s’émerveille-t-elle à la vue des bergers qui accourent pour voir son enfant ? Ils ont entendu des anges leur parler. Le premier, de bleu vêtu, leur tend un parchemin : « Aujourd’hui, dans la ville de David vous est né un sauveur qui est le Christ, le Seigneur » (Lc 2, 11) . Et, comme l’écrit Luc, « une troupe céleste innombrable » accourt pour chanter la Gloire de Dieu. Les uns regardent le ciel ouvert, les autres se penchent avec tendresse et adoration vers l’enfant.

Marie contemple ce qu’elle chantait déjà devant avec: « Le Seigneur se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais.» (Lc 1 54-55)

Un peu en contrebas, assis sur un rocher, se tient Joseph serré dans son manteau.

Il est là « comme un veilleur attend l’aurore » (Ps 129,6) et celle-ci vient de poindre. Lui, l’homme juste il veille sur Marie et l’enfant, dans le silence.

Tout au bas de l’image, deux femmes baignent l’enfant – comme on le fait après toute naissance !

Mais pourquoi représenter ce geste dont ne parlent pas les évangélistes ? Pour montrer avec réalisme ce qu’annonce l’évangéliste saint Jean : « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous…» (Jn 1,14)
Non, Dieu ne prend pas l’apparence d’un homme, il se fait homme. Comme tout bébé il a besoin d’être lavé du sang de l’accouchement. Il vient partager notre humanité, ses contraintes et ses joies.

Au terme de ce voyage à travers les Écritures, je contemple le tableau du Duccio.
Je me tiens :
• Avec Isaïe et Ezéchiel qui voient s’accomplir ce dont ils avaient entendu l’annonce
• avec Marie qui entre en silence dans la contemplation de son enfant…
• avec Joseph à l’écoute de l’ange…
• avec les bergers étonnés de ce qu’ils entendent et de ce qu’ils découvrent…
• dans le chœur des anges émerveillés de ce mystère et débordants d’allégresse…

Gloire à Dieu ! Paix aux hommes ! Joie du ciel sur la terre !