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Aurélie vit au Tchad, un des pays les plus pauvres du monde. Les regards pétillants de vie des enfants qu’elle rencontre allument en elle une espérance. Elle nous la partage.

La première communauté xavière est arrivée au Tchad il y a bientôt 40 ans. Nous habitons à N’Djamena, la capitale. Le Tchad, situé en Afrique Centrale, est un des pays les plus pauvres du monde. C’est ainsi que, paradoxalement pour un pays pétrolier, l’électricité se fait rare, voire très rare, au sein même de la capitale. L’eau au robinet est quant à elle aussi très aléatoire, et le tout-à-l’égout ne fait pas partie de notre vocabulaire.

La situation risque de s’aggraver, avec actuellement plus d’1 million (sur 17 millions d’habitants) de sinistrés qui ont tout perdu suite aux inondations – les pires de toute l’histoire du Tchad -, sans oublier les récoltes noyées en grande partie alors qu’elles devaient contribuer à nourrir la population durant un an. Le prix des denrées alimentaires ne cesse d’augmenter et beaucoup de familles réduisent les quantités de nourriture et les soins (ici, pas de sécurité sociale, tout est à la charge du malade).

Notre quartier connaît une certaine mixité sociale, quelques fonctionnaires y vivent, tout comme des « débrouillards » qui partent chaque matin à la recherche de petits travaux, dans l’espoir de ramener quelques pièces pour nourrir la famille.

Avec les enfants du quartier

Chrétiennes dans un quartier musulman, nous nous sentons bien intégrées, en voisines. Les bonjours ou « salam alekoum » et les salutations font partie de notre quotidien, tout comme l’accueil d’enfants du quartier à la maison chaque jeudi. Une simple feuille de papier et des crayons de couleurs, et nous voici engagés dans la joie d’un coloriage, avant ou après des séances de sport, de chants, de jeux. Des crayons de couleurs à disposition, un minimum en d’autres lieux, un luxe pour ces enfants qui n’en possèdent pas.

Avec l’Avent, c’est aussi Noël qui se préparera. C’est, dans le respect de leur religion, une fête en perspective, avec des activités en lien avec la paix, la fraternité, sans oublier un bout de gâteau et du jus. Là encore, un « peu » qui a goût de beaucoup pour ces enfants.

La situation du pays est préoccupante. Grands comme petits en sont victimes, mais ils témoignent d’une capacité à vivre aussi à travers les épreuves. Les regards pétillants de vie restent bien allumés, et ils allument une espérance en moi, avec une joie de pouvoir être là, avec eux. Je me sens souvent bien démunie, mais peut-être qu’alors il ne s’agit pas de faire, mais d’accepter d’être simplement là, et de recevoir la vie qu’ils communiquent, de pouvoir leur partager un « peu » à travers une porte ouverte, une feuille de papier, une présence pour eux, en jouant avec eux.