Le CEDIRAA, centre diocésain de la recherche action en alcoologie, est situé à Ndjamena au Tchad. Il vient de fêter ses vingt ans. Aurélie, qui coordonne le centre, nous le présente.
En 1999, venait au jour à Ndjamena (capitale du Tchad) le RAA, « recherche action en alcoologie ». Sous l’impulsion de Monique, xavière, des sensibilisations aux dangers de l’alcoolisme ont été mises en œuvre. Pour nombre de tchadiens, cette naissance a été associée à un davantage de vie. Quelques années plus tard, RAA fut renommé CEDIRAA, « centre diocésain de la recherche action en alcoologie ».
1999-2019 : le centre a eu 20 ans. Nous avons fêté cet anniversaire au cours d’un temps fort dénommé « semaine du 20 sans vin ». L’ouverture fut une conférence débat à l’Institut National de la Jeunesse et des Sports, institut formant les futurs professeurs d’EPS, éducateurs et conseillers pédagogiques. La clôture s’est déroulée dans l’enceinte d’une paroisse catholique. Nous avons voulu ainsi marquer la dimension d’insertion dans la société civile, et l’ancrage dans la foi, les deux nous ouvrant au service de tous. Pour vous donner une idée, sur les 49 curistes des 12 derniers mois, 19 étaient musulmans, 19 protestants, 13 catholiques et 1 sans religion.
En amont de cette semaine, nous avions organisé un concours de slogan, puis un concours d’affiche ouvert aux jeunes afin de varier les approches de sensibilisation. Le slogan gagnant, « Alcool laisse ma jeunesse ! Alcool laisse ma nation ! » a été proposé par un bénévole engagé dans sa paroisse, et le dessin par un jeune de 4ème. Lors de la remise des lots, l’émotion du jeune gagnant fut très touchante.
« La semaine du 20 sans vin » fut un alliage de conférences débat, de théâtre et contes mis en œuvre par des bénéficiaires aidés de professionnels, de témoignages, de projections, d’un match de football, d’un envoi au cours d’une eucharistie dominicale, sans oublier les très nombreux partages et les belles émotions.
Je reste marquée par le courage des bénéficiaires, car il en faut pour témoigner et s’engager dans le théâtre, et par les bienfaits de l’art-thérapie. Je goûte les nouvelles initiatives de sensibilisation telle le match de football. Une équipe de bénévoles s’est constituée pour jouer contre les jeunes d’une association. Et durant les pauses, des animateurs assuraient la sensibilisation au cours de cet événement drainant un large public. Ce fut une première, et ce fut bon, même si cela laisse aussi apparaître des difficultés d’organisation. Mais bon, c’est fréquent, et on apprend à vivre avec, tout comme avec une réelle capacité d’adaptation des uns et des autres au temps présent.
Ce qui m’a le plus touchée au cours de cette semaine ? Le témoignage d’un trentenaire, lors du café-philosophique organisé sur le thème « alcoolisme – une forme suicidaire ? ». La perspective d’une carrière prometteuse s’est noyée dans l’alcool. Quel témoignage pour tous, avec des partages concrets, si réalistes et malheureusement rejoignant tant de contemporains. Aujourd’hui, il rend grâce de pouvoir de nouveau donner une pièce à ses enfants pour les beignets sur le chemin de l’école. Oui, l’alcool détruit des vies, et oui, il est possible d’espérer la vie.
Depuis sa création, nous ne savons pas combien de personnes ont été aidées par le CEDIRAA, et ce n’est pas l’objectif. Je porte davantage au cœur la conviction de l’importance des petits pas, en un quotidien ouvert à l’accueil de tous, aussi avec les rechutes, pour aider chacun à grandir sur un chemin de libération, et de dignité. C’est ensemble, salariés, bénévoles, bénéficiaires, amis et bienfaiteurs que nous avons fêté, en présentiel ou par la communion des cœurs. Alors un mot jaillit : MERCI
Le centre émet chaque semestre un « petit journal du CEDIRAA ».
Dans le dernier numéro de février 2020, le choix a été pris de laisser la parole à des nombreux témoins. Cliquez sur la couverture pour le découvrir. Bonne lecture !